"... Chaque tableau offre
à l'oeil son propre espace de médiation et d'invention, sa proposition du monde
- d'un monde ou l'austérité froide des paysages du Jura natal du peintre s'allie
à la chaleur intense (ocres orangés, bleus vifs) de cette terre africaine ou il ne cesse régulièrement de revenir comme à une inépuisable origine."
Au bout du chemin
Et c'est là , sans doute que réside la
singularité de l'oeuvre d'Yves Regaldi. Dans ce croisement de visuel et de tactile, de rigueur et d'abandon, de modernité et de mémoire - dans cette alliance ou, comme dans tout art véritable, se joue la rencontre d'une présence et du monde. Un monde qui, répétons-le, n'est pas donné une fois pour toutes, mais ne cesse de se construire dans la patience d'un travail : traces, signes dans la pâte (sable ? Paroi de pierre ?) bleu et blanc dans le cadre obscur (fenêtre ? Montagne ? Neige ?), attentes, imminences... Peut-être, au fond, toute peinture ne serait-elle que cela :
les choses ont perdu leur nom et elles le cherchent dans le mouvement que se fraye un corps à travers matières, formes, couleurs. C'est pourquoi, comme chez de Staël à qui l'on pense parfois, elles ne sont pas au départ mais au bout du chemin.
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