Qu'ont-ils en commun ces différents artistes ? Souvenez-vous ... il y a eu "Le grand dépoutoir" ou encore "Machines à communiquer", "Leurre de la rencontre", "Gentil-méchant", "L'Humour de l'art" ...
C'est ce qu'ils ont en commun, c'est l'art de tisser des liens entre les fragments et les rebuts de la marée humaine, l'art de donner du sens à ce méli-mélo de bouts de tout et de rien.
Anges déchus ou chairs batardes, les sculptures de Maud Riffay se construisent à partir de deux moitiés semblables du corps humain, deux parties faites de toile brute ou de bandelettes, réunifiées par des ficelles ou des cordes. Si ses premières oeuvres étaient de petite taille, elles sont devenues géantes mais toujours ligaturées, entravées, prêtes à chuter. Les êtres de Maud Riffay se jouent de l'apesenteur, à la limite de l'équilibre, de l'abandon et du vertige, un jeu de situations extrêmes qui se parent d'émotion, de sensibilité et parfois d'humour. C'est un travail qui parle de l'homme, de ses souffrances, de ses doutes, de ses bonheurs que l'artiste met en scène avec un clin d'oeuil amusé.
Avec elle, les femmes sont bien les pommes d'une société de consommation qui ne leur laisse d'autre choix que celui d'être au four et au moulin, femmes et ménagères, séductrices et objets de séduction. La condition féminine peinte par Martine Orsoni, c'est amusant à regarder, pas forcément rigolo à vivre...
Féministe, Martine Orsoni ? Peut-être tout simlement solidaire de ces femmes, qui par amour ou générosité, sont plus souvent croquées que croqueuses.
Jean-Claude Bonnot
Quand l'écriture se libère de sa fonction descriptive pour retrouver la seule pulsion calligraphique, le trait qui avait toujours été lié à la définition de la forme trouve une indépendance inattendue et relance le dialogue du signe et de son support.
Ecrire devient alors construire et l'artiste s'exprimant avec ses propres matériaux, opposera formes et rythmes, couleurs et matières. Cercles, courbes ou obliques jailliront ou s'effaceront ou se poseront, s'ordonneront ou se désordonneront.
Dialogue toujours.
Car c'est bien du dialogue entre calligraphie et manière picturale dont il est question dans cette exposition des oeuvres d'Amin Al Doukhi et Christian Caburet.
Ces 3 photographes ne se sont peut-être jamais rencontrés, pourtant si nous les rapprochons dans une même exposition c'est qu'ils témoignent "d'instants volés", moments fugaces éphémères qui naissent et meurent dans un même mouvement. Leur démarche n'est pas de vouloir à tout prix garder, témoigner, sauver de l'oubli et de la disparition la réalité tangible de ce qui s'est passé mais plutôt de montrer que derrière une photographie il y a des vies, des émotions.
Posées au sol, épinglées au mur, suspendues au plafond, les oeuvres d'Annie Bascoul ne sont pas des sculptures ordinaires. Unimant blanches, faites de matériaux diaphanes et souples, armées d'une fine âme métallique, elles occupent l'espace de toutes les façons possibles : tantôt elles y développent leurs formes amples pour mieux l'envahir, tantôt elles s'enroulent comme des cocons pour mieux s'y blottir, tantôt elles se replient dans les pans de leur manteau royal pour mieux le saisir. Il y va d'une véritable scénographie, voire d'un programme chorégraphique dont les mouvements semblent suspendus dans l'attente du regard. Fourrure, polyester, tuile, tarlatane, coton, crin de cheval, mousse synthétique, fils de nylon ou de cuivre, caoutchouc peint à la cire, Annie Bascoul emploie
toutes sortes de matériaux...
Philippe Piguet
Certains moyens d'expression exigent la simplicité : c'est le cas de la gravure sur bois. Mais la simplicité n'est pas simple, elle a besoin du long travail qui mène à la maîtrise, puis en libère pour cultiver un naturel guidé par la concentration. Dès lors tout geste est décisif et risqué parce qu'il se doit d'être immédiat autant que souverain, donc sans repentir car tel qu'il édicte sa loi à l'instant où il la réalise.
Le choix d'un moyen aussi exigeant ne laisse pas de marge : il faut l'assumer ou bien se découvrir indigne. En revanche, la perfection vient au bout de la tentative qui ne triche pas avec ses conditions. La simplicité est aussi un courage : celui d'aller vers l'évidence, qui se rencontre ou pas, et qui toujours peut vous jeter face au tout ou rien.
Ainsi va la pensée devant les gravures de Roland Sénéca cependant que l'on cherche à comprendre pourquoi émotion et lumière y tressent des effets inséparables bien qu'on n'aperçoive là que du noir troué de blanc. Oui de belles pages noires où cette couleur paraît naissante à force d'être déposée dans sa pure intensité. On a le sentiment, à regarder cela, qu'on n'avait jamais vu à quel point cette maturité est pulpeuse et profonde, en vérité charnelle, mais d'une qualité que n'a pas la chair superficielle - la visible - pour la raison qu'il faut cueillir la noirceur que voici de l'autre côté, dans les ténèbres de l'en-dessous.
Qu'a donc fait Roland Sénéca qui, sous l'apparence de gravures, trouble assez considérablement notre relation avec notre propre vue pour que nous voyions ce qui échappe à la représentation et, cependant, n'a lieu que par elle ?
Bernard Noël
L'art au féminin est-il différent de l'art au masculin ? En résonance avec le colloque "Lectures de femmes", cette exposition internationale regroupe une douzaine d'artistes vivant en France, Espagne, Allemagne... et issues de cultures différentes : Europe, Amérique latine.
Cette manifestation n'est pas conçue autour d'un thème unique et ne présente pas un mouvement artistique précis, elle entend, au contraire, présenter la richesse créatrice, la diversité des techniques (peinture, sculpture, photographie) utilisées par ces artistes de grand talent : certaines ont une reconnaissance mondiale.
"Résonances" c'est d'abord la rencontre de trois expressions :
la peinture de Michio Takahashi,
la poésie de François Migeot,
la musique avec Emmanuelle Francony et Thierry Rosbach aux pianos.
"Résonances" c'est donc des toiles, des textes, des musiques d'orient et d'occident qui le temps de 3 soirées trouveront des points d'écho.
Plus qu'un spectacle, il s'agit davantage d'une rencontre, en partie improvisée, où les trois arts loin de se paraphraser les uns les autres, tentent au contraire de s'éclairer mutuellement par des complicités inédites.
"Résonances" se veut le lieu privilégié d'une véritable création collective.
L'expérience des Malassis, libre et évolutive, témoigne d'une organisation particulièrement originale qui répondait au contenu subversif des oeuvres car elle permettait d'échapper aux circuits fermés du monde de l'art. La Coopérative, plus encore qu'un simple regroupement de plasticiens dépassant la pratique picturale individualiste, proposait en tant qu'instrument critique un moyen de communication au sein d'une société qu'elle jugeait aliénante.
Muriel Berthier, juillet 1999
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