"Quand je jette un coup d’œil sur les travaux que j’ai réalisés depuis la prime enfance, leur dénominateur commun est l’aspect expérimental qu’ils contiennent tous. Les diverses techniques auxquelles j’ai recouru sont révélatrices de l’envie de se confronter à des univers nouveaux, avec la conviction, depuis toujours, que le contenant agit tôt au tard fondamentalement sur le contenu : papiers froissés, brûlés, lacérés, à une époque, géométries malmenées et cadrages violentés, actuellement.
La peinture doit être un espace d’affirmation et de liberté. Elle n’est pas là pour mettre des couleurs sur l’existence, pour «l’adjectiver», elle est l’existence. Elle doit, pour être efficace, se libérer de la séduction, s’affranchir des attentes, elle devient nécessaire quand elle oublie d’être utile. C’est cet état d’esprit qu’il faut garder : essentiellement un état d’innocence qui ne se réduit pas à une intelligence de l’instinct ni à un concept ou à une notion de vie intérieure. En choisissant la non-figuration très tôt, j’ai dû sentir que c’était la seule manière de laisser à la peinture son rôle de «transmetteur de sensations chaudes et vivantes», pour reprendre l’expression de Jean Dubuffet. Actuellement, je deviens plus avide de pâtes épaisses : il s’agit de resserrer les liens entre la vie et la matière, de donner chair à une investigation et de traduire des urgences."
Christian Comelli
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