Anna Gallardo, Virginie Marnat-Leempoels et Antoinette Ohannessian, trois femmes dont les œuvres questionnent la frontière entre l'intime et le public, entre les signes du visible et la singularité du vécu.
Gérard Fabre, Sylvie Fajfrowska, Suzanne Hetzel, Klaus Stöber présentent chacun une exposition. Sculptures, peintures, design, photographies. L´objet peut y être lié au corps, à l´espace privé et à l´intimité. Il peut être aussi associé à la mémoire d´un lieu. Il peut fonctionner comme métaphore ou métonymie. Enfin, il peut se décliner de la forme à la figure, du réel à l´abstrait.
La peinture que j'aime, celle du désir, celle qui s'ouvre et s'offre et donne du plaisir, non pas celle qui réfléchit et se retire. J'ai toujours aimé le "push and pull" de la peinture lyrique américaine. Il permet physiquement cette implication et son perpétuel inachèvement.
Alain Clément
Les oeuvres de Irmgard Sigg, étranges créatures, personnages ou animaux, dont la proximité à notre univers est contredite par l'altérité radicale qu'offrent ces personnages sans réel visage. Ils sont comme des doubles ironiques et indifférents à notre monde.
L'artiste britannique Eric Snell réalisera plusieurs installations parmi lesquelles les récents "Burnt Wood Wall Drawings".
Pôles essentiels dans l'oeuvre de Eric Snell, ces dessins muraux témoignent de son intérêt pour un travail qui fait du passage de la réalité à l'abstraction son objet de prédilection.
En brûlant un objet en bois, et en dessinant ensuite avec le charbon carbonisé l'ombre de cet objet, l'artiste devient en quelque sorte un catalyseur.
Il s'efforce de capturer l'essence même de l'objet en le transformant en une surface de cendres noircie, en le faisant s'évanouir et renaître sous la forme de son ombre. Jouant avec les dimensions, avec la surface et le volume, avec les effets d'apparition, et de disparition de l'objet, Eric Snell bouscule les idées préconçues concernant la définition du dessin, de l'objet et de la matérialité.
Philippe Gronon photographie le plus souvent des objets à valeur symbolique matérialisant le savoir ou le pouvoir, qu'il représente frontalement à l'échelle 1/1.
Cette "objectivité" du point de vue trouble car elle tend à faire disparaître la frontière entre l'objet et son image.
S'il y a bien chez Gronon une forme de "littérature trompeuse", ce n'est pas parce que l'on risquerait d'hésiter sur la nature de ce qu'il y a à voir, mais parce que la représentation photographique saisit quelque chose de l'énigme, du mutisme de ces surfaces.
Il y a dans l'oeuvre de Jorge Macchi une atmosphère singulière qui en fait l'enfant de J.L.Borges et de M.Duchamp.
Il est d'une famille où l'on affectionne les contes cruels et les tragédies en mineur.
On y sanglote de bonheur et on y rit jaune.
Le sourire est ici la forme polie du désespoir et le quotidien une familière étrangeté.
Régis Durand - Philippe Cyroulnik
Parti d'une approche de la sculpture qui éprouvait les relations entre le matériau et la lumière, Jean Noël intégra progressivement la qualité chromatique et dynamique du matériau dans la mise en forme de ses oeuvres.
Il a décliné depuis près de trente ans une oeuvre originale et singulière, nourrie tant du pop que du cinétisme, de l'anti-forme et du process art, voire même de la performance ; son évolution l'a fait côtoyer dans son oeuvre des figures importantes comme celle de Richard Tuttle.
Affranchies du caractère ornemental et glorificateur d'une sculpture massive, les oeuvres de Jean Noël semblent littéralement prendre leur envol dans l'espace, témoignant d'une fascination pour les formes dynamiques, vivantes et vibrantes.
En quête d'une sculpture où "il est question avant tout de tension, de matière, de fluidité, d'ondulation et de tarnsformation", Jean Noël s'attache plus aux jeux de formes et de forces qui s'opèrent entre l'oeuvre et le spectateur, qu'à une composition plastique et esthétique.
Plus qu'une mise en forme d'un discours, d'une idée ou d'un sentiment, l'art de Jean Noël est de l'ordre du ressenti et de la sensualité ; il se plaît à recréer un climat cosmogonique, dans lequel les objets semblent portés par les éléments, l'air, le vent, l'eau.
S'il utilise des matériaux industriels et des couleurs pastel, c'est pour rappeler la souplesse et l'élasticité des tissus corporels, et donner naissance à des oeuvres organiques, chargées de vie et d'énergie. Ces matériaux confèrent aux oeuvres un vitalisme qui indique que tout est à la fois mouvant, instable, en constante évolution, et régi par les lois de l'apesanteur, à la fois ordre et chaos.
Catalogue de l'exposition
La peinture de Dominique Gauthier est dynamique, à la fois contenue et exhubérante : exhubérante parce qu'elle se caractérise par un tourbillon d'éléments, formes, couleurs, lignes qui envahissent la toile par strates et constituent un véritable terrain d'expérimentation, l'artiste n'hésitant pas à "inventer" des instruments spécifiques à sa production.
Contenue parce qu'elle est tension et construction et non simple débordement.
Yves Michaud
Chacune des oeuvres présentées dans l'exposition associe en elle-même des éléments, objets ou images, qui n'ont pas l'habitude de cohabiter. De ces rapprochements incongrus naissent des troubles, des chocs, des contradictions qui annoncent inévitablement un décalage entre le discours et la réalité, entre le monde tel qu'il est et ses représentations. Orchestrées par neuf artistes, ces dissonances soulèvent des problèmes d'ordre politique, social, culturel ou historique tels que la violence, l'héroïsme dans la guerre ou le pouvoir des médias : elles portent également sur des questions plus intimes liées au corps, à la relation à l'autre et à soi-même, aux mutations que peuvent engendrer les découvertes scientifiques récentes comme par exemple dans le domaine de la biogénétique. Enfin elles interrogent les relations entre culture populaire et culture d'élite, entre paysage et espace social et entre kitsch et formalisme.
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