Yves Renaud est un artiste Louhannais. Il s’exprime depuis presque 30 ans avec force, détermination et la même candeur face à ses découvertes dans le secret de son atelier. Il revendique haut et fort son indépendance de tout académisme et de toutes influences, pour se rassurer et conjurer la peur de perdre sa liberté de peindre qui le comble tant. Pourtant, sur les sentiers de la création Yves Renaud chemine avec un fin sens de l’orientation, hérité du tempérament Bressan. De sa longue expérience, il utilise des formes connues de son environnement et les réinterprète et épuise jusqu’à l’abstraction : femmes, fleurs, nature sont autant de sources d’inspiration vers une aventure formelle et chromatique. Il matérialise la rotondité des nuages, cherche, fouille les espaces, les recadre pour déplacer les centres d’intérêts, les scinde de bas en haut du tableau, pour créer des rythmes, force le regard à aller au-delà de la surface. Il définit clairement, à l’aide de cernes marqués, une mosaïque subtile ou chaque teinte semble inventée. Dans ce remembrement du paysage, il démembre l’ordre établi du «beau» retourne la matière à l’aide de couteaux, creuse des sillons comme dans la terre grasse du pays, charpente à sa façon ses compositions pour qu’elles tiennent solidement, expérimente des connexions de couleurs pour les faire vibrer ans une musicalité qui lui seul déniche.
Laurence Machard
Alain Badier est un photographe du mouvement. Lors de ses différentes interventions auprès de Compagnie des danseurs de Dijon il s’est pris de passion lui-même pour la danse. Ses photos numériques captent dans la trace du mouvement, ce fameux flou qui «dématérialise» les corps et nous dévoile notre côté éthéré en révélant notre part de «créatures célestes», touchant ainsi, avec une extrême délicatesse, le mystère de l’expression corporelle.
Monique Wuarin, céramiste. Sentinelles sont des formes monolithiques, des silhouettes oniriques, gardiennes d’une «rêverie verticalisante», portant l’empreinte du geste qui les a façonnées, elles livrent leur modelé dans un rapport de dialogues essentiels, de tensions et de vibrations. Couleur blanche de la porcelaine qui, appliquée, modelée, pastillée, triturée, lissée ou polie sur le grès blanc, laisse apparaître, révélées par le feu, fissures, fentes et crevasses. Couleur noire des terres de grès, chamottées, rugueuses, lissées qui, laissées brutes ou émaillées jouent entre brillance et matité.
Christian Comelli, peintre. L’œuvre obéit à une double action : rapidité d’exécution dans une gestualité précise et puissante et maturations longues comme s’il la toile était «en sommeil». Entre poussées fébriles et intentions réfléchies. La peau de la toile est comme couverte de strates, sculptées, craquelées, lacérées. Elle offre au regard un champ de bataille de masses, d’empâtements, de gris, de noirs, des blancs… L’œuvre est pour Christian Comelli, un territoire à reconquérir sans cesse.
Camille Dudoubs fait partie de ces photographes touchés en utilisant pour la première fois comme appareil photo son smartphone. Poussières, fissures, salissures… sont présents dans les espaces citadins, les locaux. L’être humain, souvent présent dans son travail, participe à son environnement ou au contraire semble décalé, mais il n’en est rarement absent. En rabattant les tonalités jusqu’à frôler les noirs profonds, une atmosphère de nostalgie se dégage. Chaque bâtiment, chaque lieu et individu insuffle une histoire aux accents mystérieux comme la photo aux ballons de baudruche.
Patrick Broche au nom d’artiste Pébroc. « Tout a commencé simplement, dit-il, un jour j’ai renversé par inadvertance une tasse de café sur la nappe en papier, je fus saisi de l’effet, alors j’ai ajouté du vin… » Depuis Pébroc travaille avec des matières aqueuses comme l’aquarelle, les encres, le brou de noix etc… Sur le noble papier Velin d’Arche, il organise une composition centrale et colorée par la répétition d’une gestualité, puis d’encres soufflées, superposées, imprimées … Une écriture soignée, composée de signes graphiques étranges, semble naître de ce maelstrom, de ces gerbes vives. La signature imprimée en bas à droite, dans un cartouche, permet de finaliser définitivement son travail.
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