Vous connaissez peut-être Georges Mathieu, ou bien vous l'avez aperçu en train de peindre en pleine nature, indifférent aux caprices du temps, saisissant rapidement un sujet choisi.
Ce peintre transmet un message de vérité et de sincérité à travers ses toiles de style réaliste, exemptes de naïveté, dépourvues de toute invention ou fioriture tendant à les rendre plus attractives. Le terme "peintre des paysages comtois" mériterait d'être associé à son patronyme, car ses œuvres ont la faculté, au premier regard, de nous rappeler la noblesse du pays, au cas improbable où nous l'aurions oubliée.
C'est ainsi que se présente Georges Mathieu, homme discret, serviable, né à Valentigney en 1939. Ses premiers paysages élaborés à quinze ans, dans les environs de sa ville natale, sont très prometteurs. Passionné de peinture, il construit, organise seul son art, débute par des périodes d'études dans les musées et les expositions. Les rétrospectives de Jules Zingg l'impressionnent fortement. Il dit aussi avoir tiré grand profit de propos échangés entre collègues et amis au cours de critiques réciproques de leurs œuvres.
Maquettiste de son métier, on le dit timide, n'hésitant pas à s'attribuer le titre de "peintre du dimanche". Humour, excès d'humilité ? Son œuvre révèle la patte d'un coloriste doué sur des compositions très équilibrées. Il peint sur place, ne conçoit pas de recréer la nature dans un lieu différent d'elle. Son atelier utilisé pour parachever, réfléchir, juger, est aménagé dans une demeure ancienne restaurée à Marast. Marast est un charmant petit village de la Haute-Saône, voisin de son terroir natal. Il est le lieu du sujet de ses rêves. Chevalet planté, motif dessiné, il étale sur la palette des teintes qui semblent cueillies à même la nature et peint de sa manière bien personnelle en touches rapides et précises.
L'empâtement généreux renforce l'impression des volumes et des contrastes, travaillés par oppositions, d'orangé, de rose, de vert et de bleu.
L'automne et l'hiver sont ses saisons de prédilection. Automne aux abords d'un petit village dominé par son typique clocher comtois, vieux toits rougeâtres, combes bordées d'épais sapins du plus beau vert sombre plaqués sur des lointains bleutés, fermes massives surmontées de leur "thué" bien de chez nous. L'hiver a sa préférence, il traduit à la perfection l'atmosphère pesante du terroir immobilisé sous l'épaisse couche de neige. Le travail de ce solitaire, toujours réalisé sur site, n'est pas aisé : la neige peut se mêler à ses pinceaux, le froid devenir trop agressif, il n'en poursuit pas moins son travail et l'achève, se gardant bien de toute finition hâtive.
Dans son ensemble, l'œuvre correspond bien à son personnage.
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